Julie Nioche nous convie à un spectacle délicat, une chorégraphie qui fait basculer nos perceptions de l’espace et du mouvement. Suspendue dans les airs, au milieu d’une forêt de câbles et de poids, la danseuse s’élève, ondule, plane, se déploie, se repose, retombe… Fragile équilibriste tentant d’explorer l’apesanteur, elle évolue entre liberté et contrainte, au coeur d’un dispositif dont elle dépend tout autant qu’elle lui donne vie. L’équilibre apparent de l’installation et sa suspension dans l’espace semblent ne tenir qu’au mouvement millimétré de cette belle faussement endormie. Chacun de ses plus infimes gestes trouble la machinerie et provoque alors des sensations contradictoires. La danse déborde ainsi vers une métaphore scénique de nos attaches et de nos liens. Comme en écho, les cordes du guitariste Alexandre Meyer se tendent et résonnent en un dialogue onirique. Au carrefour de la danse, des arts plastiques et du cirque, une performance étonnante qui contraint le corps en jouant sur sa résistance. Une danse de l’épreuve entre fragilité et maîtrise.