Un fait divers récent a inspiré au collectif Denisyak, associé au TnBA, un premier spectacle vertigineux d’ambiguïté.

C'est un fait divers survenu dans les années 2000, qui a guidé Solenn Denis dans les méandres de cette exploration du syndrome de Stockholm – le fait pour une victime de développer une forme complexe d’empathie à l’égard de son bourreau ou geôlier… Le texte qu’elle a écrit, pour un trio de personnages, déjouant forcément tout manichéisme et toute morale, trouble la frontière entre le bien et le mal. Il exige des acteurs une performance d’équilibriste pour donner à sentir l’insoutenable sans sombrer dans l’outrance. Les membres du collectif Denisyak – Erwan Daouphars, Solenn Denis, Faustine Tournan – adoptent un parti pris intimiste à l’opposé du théâtre total – celui d’Angelica Liddell ou de Rodrigo Garcia – dont ils se sentent proches : le dispositif scénographique, dans lequel le spectateur devient à la fois proie et voyeur, ne fait qu’aiguiser sa puissance hypnotique et angoissante. Premier spectacle – créé en 2014 – de ce collectif aujourd’hui associé au TnBA, SStockholm est une vertigineuse réflexion sur la banalité du mal, et sur son ambiguïté.