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Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine – TnBA

Centre dramatique national, théâtre, danse, théâtre en famille


Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

L'homme n'a point de port
2005-2015, une décennie de violences politiques ?
Débat public
4 mars

Diogo Sardinha, philosophe, Président du Collège International de Philosophie

En partenariat avec la Librairie Mollat et l’Université Bordeaux Montaigne
Vendredi 4 mars à 19h
TnBA - grande salle Vitez

L'accès est gratuit et la réservation indispensable au 05 56 33 36 80

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Président du Collège international de philosophie à Paris, Diogo Sardinha dirige le programme de recherches « Violence et politique ». Formé dans les universités de Lisbonne et de Paris-Nanterre, il a été chercheur à l’Université Catholique de São Paulo et aux universités Freie de Berlin et Columbia de New York. Ses domaines de travail sont la philosophie politique et sociale, l’anthropologie philosophique et les études de genre, avec un ancrage dans la tradition européenne, notamment française. Il est l’auteur d’Ordre et temps dans la philosophie de Foucault (Paris, 2011 – traduit en espagnol, 2014) et de L’Émancipation de Kant à Deleuze (Paris, 2013). Citoyen engagé dans les débats européens, il a coordonné le recueil Vivre en Europe : philosophie, politique et science aujourd’hui (Paris, 2010). Les répercussions des attentats commis à Paris (de Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Casher les 7 et 8 janvier à la nuit assassine du 13 novembre) ont été particulièrement puissantes dans l’esprit de ceux qui composent le Collège international de philosophie. De même, aucun n’est resté indifférent face aux attentats revendiqués par des groupes terroristes au Liban, au Mali, en Tunisie, en Turquie ou ailleurs, ni aux guerres qui déchirent et épuisent la Libye et la Syrie, ni à la détresse des milliers de réfugiés qui cherchent en Europe un havre de protection et de paix (…) L’intervention de l’élément religieux radicalisé et l’insistance avec laquelle il exerce ses effets aussi bien dans les esprits et les attitudes de ceux qui agissent en son nom que dans les comportements de masse de ceux qui réagissent à ses exploits, suscite de nombreuses interrogations et remarques.
Dix ans avant les attentats de Paris, quand les plus grandes émeutes du siècle ébranlaient nos banlieues, où étaient ces jeunes partis aujourd’hui faire le djihad en Syrie avant de rentrer pour semer la terreur et la mort dans la ville ? En 2015, il est probable que ces jeunes (ou peut-être leurs frères et sœurs cadets qui vivaient à cette époque leurs débuts d’adolescence) se trouvaient dans une cité quelconque illuminée par la lueur des cocktails Molotov et des voitures en feu. S’il en est ainsi, de Molotov à Kalachnikov, 2005-2015 restera dans l’histoire de France comme une décennie perdue.
De nos jours, après avoir vécu une crise économique et sociale qui apparemment ne prend pas fin, après avoir assisté aux indignations et occupations qui ont traversé l’espace public, après avoir subi les politiques d’austérité et de désengagement de l’Etat, après avoir vu les écarts de richesse se creuser entre le Nord et le Sud de l’Europe, entre les villes et les banlieues mais aussi les campagnes, entre le capital et le travail, certains jeunes dont on a cru se débarrasser à coups de « Karcher », de matraque et de prison, reviennent plus décidés, plus radicalisés et mieux armés. Leurs cocktails Molotov se sont transformés en coups de feu à bout portant. Comment a-t-on pu manquer de le voir ? De quels aveuglements nos élites ont-elles été frappées ?
Depuis des années, le Collège international de philosophie soulève ces questions, discute des réponses à leur donner, lance des alertes, mène des programmes de recherche, organise des colloques… Cette rencontre avec Diogo Sardinha sera l’occasion de se pencher sur l’omniprésence et le rôle de la violence (physique, symbolique, ordinaire, extrême, structurelle…). Car, comme il l’écrit dans son éditorial de janvier 2016 : « Nous ne cessons de croire que la force de la pensée a encore un mot à dire dans le cours dramatique des évènements. »