Comment faire revivre les chefs d’œuvre du passé ? Marcial Di Fonzo Bo remet sur le métier l’un des spectacles les plus marquants du quart de siècle écoulé.

Art de l’éphémère, le théâtre n’existe que dans l’instant présent. Une fois la représentation passée, il s’efface. La recréation du Richard III, mis en scène par Matthias Langhoff en 1995 à l’initiative d’une partie de l’équipe initiale, est ainsi un événement à plus d’un titre. La pièce conserve le décor d’origine : un plateau mouvant, incliné, auquel s’accrochent pont-levis et escaliers. Sur ces planches branlantes, manipulées à vue par des poulies poussives, pas moins de cinquante personnages gravitent autour du jeune Richard : reines, courtisans, guerriers, traîtres… Ils racontent la montée en puissance machiavélique et meurtrière d’un homme qui, parvenu au pouvoir, sait qu’il va chuter. Et chute. Autour de Marcial Di Fonzo Bo, les jeunes comédiens glissent leurs pas dans ceux des anciens : une manière généreuse de transmettre et de partager ce patrimoine vivant avec une nouvelle génération de spectateurs. Aujourd’hui âgé de 80 ans, Matthias Langhoff, héritier d’une tradition théâtrale qu’il transforme par friction avec le réel, fait figure d’artiste révolutionnaire et novateur. Il télescopait, à la fin du xxe siècle, le Moyen Âge des Tudor avec l’immédiate guerre d’Irak. Vingt-six ans plus tard, qui incarnera le sanguinaire désir de pouvoir ?