Figure de proue de la scène chorégraphique sud-américaine, Lia Rodrigues élabore un langage d’une grande puissance expressive, en prise directe avec le réel et dénonce de manière fracassante la brutalité de la société. 

La chorégraphe brésilienne s’engage depuis quarante ans contre la discrimination et travaille depuis plus d’une dizaine d’années dans la favela de Maré, bidonville du centre de Rio de Janeiro. Un engagement pour que peut être Le ciel ne tombe pas (précédent spectacle de Lia Rodrigues).
À l’instar de ses autres spectacles, Fúria frappe autant l’imaginaire que la conscience et invite au dépassement poétique et au saisissement politique. La chorégraphe revendique une danse militante, prône la rencontre de l’autre, lutte contre l’exclusion culturelle et pose la question de l’altérité. Sur scène neuf danseurs se massent sous des vêtements colorés. L’un d’eux prend la tête de cette procession timide et silencieuse. Capitaine d’un cortège vivant, impressionnant et bigarré composé des exclus de la société brésilienne : les noirs, les homosexuels, les transgenres, les pauvres.
Brute et organique, à la découverte de nouveaux territoires, la danse de Lia Rodrigues révèle la force des communautés et la beauté des individus qui les composent. Guerrière-poétesse, elle pose la question : « Comment devenons-nous des mondes ? »