Relue par Célie Pauthe à travers le prisme de Marguerite Duras, la fameuse tragédie de Racine devient le manifeste d’un amour absolu, non négociable.

Et Marguerite la mena à Bérénice… C’est en effet par l’intermédiaire de Marguerite Duras – dont le film-poème Césarée ponctue le spectacle – que Célie Pauthe a redécouvert cette tragédie de Racine créée en 1670. Uni à la reine de Palestine par un amour réciproque, Titus, l’empereur de Rome, ne peut cependant l’épouser au motif qu’elle est étrangère : il renonce à elle, et charge son ami Antiochus, roi de Commagène – secrètement épris lui aussi de Bérénice –, de lui faire part de cette décision déchirante… Plutôt qu’une apologie de la raison d’État (pour complaire au Roi-Soleil ?), Célie Pauthe voit dans cette pièce, comme Duras, la glorification d’un amour incandescent qui ne souffre nul compromis, qui exige que l’on s’y engage corps et âme. Sa lecture joue la carte du décalage, portée par des comédiens de haute volée, qui font résonner avec une prodigieuse musicalité l’alexandrin racinien.