Dans un couloir d’attente, encombré de chaises, un homme et deux femmes (frère et soeurs ? Amis ? Un homme et deux anges ?) convoquent les souvenirs, tous les souvenirs. Historiques, personnels. Des bribes, des super 8. C’est monté dans le désordre, le son n’est pas bon, parfois même il n’y en a pas. Alors, les interprètes racontent eux-mêmes l’histoire. Au risque de la refaire cette histoire qui peut-être ne devait pas être transmise, qui peut-être devait rester cachée sous le tapis. La mémoire s’affiche, collective, individuelle. Les images défilent : fratrie, France des quartiers et des confins, France black-blanc-beur dont nous sommes les héritier.e.s, images de cuisine et de piscine.

À l’origine, Aurélie Van Den Daele devait créer Soldat.e inconnu.e de Sidney Ali Mehelleb. Mais, Covid, incertitudes et désirs obligent, elle présente ici un autre projet : un travail sur la mémoire qu’elle baptise Spectacle inconnu parce qu’elle ne le connaît pas encore. Avec cette proposition, elle part à la recherche du temps perdu, du comment c’était avant et d’une histoire qui lutte et se condamne à chaque instant.

Dans un monde qui rejette toutes formes de différences, Aurélie Van Den Daele en appelle à l’altérité. Et rappelle l’importance de se souvenir ensemble. Pour avancer.

Aurélie Van Den Daele

Après une formation de comédienne au Conservatoire de Clermont-Ferrand, Aurélie Van Den Daele décide de suivre son désir de mettre en scène et intègre la formation à la mise en scène du CNSAD, qui lui permet d’approfondir et de théoriser sa pratique. Artiste associée au sein de plusieurs théâtres, elle met en scène Angels in America de Tony Kushner (2017) au Théâtre de l’Aquarium ou plus récemment Soldat Inconnu·e de Sidney Ali Mehelleb à Théâtre Ouvert (2020). Elle affirme ainsi peu à peu son identité de metteuse en scène aimant l’épique des grands plateaux, en maniant avec brio la technique au service de la fiction et de nos émotions.