« Le roman le plus effroyablement pervers et machiavélique de tous les temps ! » Les superlatifs ne manquent pas pour définir Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos qui connaît depuis sa parution en 1782 un succès jamais démenti, que celui-ci soit dû au scandale et à sa réputation sulfureuse ou, plus justement, à son incroyable maîtrise. En témoigne l’importance des adaptations cinématographiques (Stephen Frears, Milos Forman…) ou théâtrales (Quartett d’Heiner Müller…) qui lui sont consacrées. Anne Théron, auteure, réalisatrice et metteure en scène, s’est plus particulièrement penchée sur la mort de la Marquise de Merteuil et de Madame de Tourvel, deux femmes anéanties par le désir d’un homme jusqu’à y laisser leur peau, chacune à leur manière. Leur sacrifice lui semblait incompréhensible, inacceptable. Si son texte Ne me touchez pas entretient une filiation évidente avec le roman, il questionne le côté féminin du désir. D’autres femmes l’ont accompagnée dans cette écriture : Virginia Woolf, Ingeborg Bachmann, Sylvia Plath… Des femmes que l’écriture a tenues debout jusqu’à la chute. Habituée à créer des spectacles à l’énergie carnassière et à la beauté corrosive, Anne Théron relève ici un nouveau défi avec des interprètes incandescents, celui de redonner toute leur redoutable intensité à des voix de femmes en quête de liberté.