Après Vader et Moeder, Peeping Tom et ses interprètes extraordinaires achèvent leur trilogie sur la quête humaine de mémoire et de liens. Une exploration fascinante du monde à hauteur d’enfance.

Une forêt, la nuit, peuplée d’arbres touffus et de falaises escarpées, hantée de présences animales. Dans cet univers où l’humain renégocie sa relation à la nature déboule une petite fille trop grande sur un vélo trop petit. Commence alors un étrange voyage aux confins de l’enfance, où la construction de l’identité devient une aventure pour rencontrer le monde, l’autre, et devenir soi-même. L’hyperréalisme est le point de bascule des Peeping Tom vers le rêve et l’onirisme. Leurs scénographies impressionnantes deviennent les terrains de jeu où évoluent leurs fantastiques interprètes, danseurs, musiciens, acteurs. Après avoir exploré les figures paternelles et maternelles dans les précédents spectacles de leur trilogie, Kind s’intéresse à la figure de l’enfant. Pourtant, il ne s’agit pas vraiment d’un spectacle sur les enfants, encore moins d’un spectacle pour les enfants, mais plutôt d’une saisie du monde à hauteur d’enfance : une plongée dans la psyché humaine au moment où elle se construit, traversée de rêves, de violence et de mythes. Nourri par un long travail en immersion auprès des enfants, loin de tout angélisme, Kind interroge jusqu’au vertige leur univers intérieur, dans tout ce que celui-ci a d’étrange et de mystérieux. Et à mesure que se trouble le rapport entre rêve et réalité, les Peeping Tom font aussi disparaître les limites entre danse, théâtre, musique et arts plastiques pour revenir à un geste unique et brut, d’une beauté radicale.