12 appartements, 12 familles et c’est notre humanité entière que fait défiler Jean-Michel Ribes dans sa toute dernière création. Son humour délicieusement acide y atteint des sommets.

Janine, Jacqueline et Léon, François et Yvette, Sylviane et Étienne, André et Monique : ils sont nombreux les habitants de cet immeuble construit par Jean-Michel Ribes. Ces personnages engoncés dans leurs préjugés et la broussaille de leurs certitudes sont la mosaïque de notre époque. Ils trébuchent, se relèvent, entourés d’idiots, parfois crétins eux-mêmes, amoureux, perdus, vainqueurs. Ils avancent à tâtons. Touchants. Cruels. Quand Jean-Michel Ribes achève l’écriture de J’habite ici, en février 2021, la France vivote, entre deux confinements. Elle ne croit plus au « monde d’après », elle n’applaudit plus ses soignants, mais elle se couche de bonne heure. Et l’humour reste sa seule issue de secours. L’humour, le directeur du théâtre du Rond-Point le manie avec talent. Chez lui, la pirouette est brillante et toutes les répliques font mouche. Elles retournent la situation, modifient en un clin d’oeil la perception que l’on s’était faite d’un personnage. Il est délicieux de se laisser prendre à ce jeu malicieux car tout cela finit par faire rire, énormément rire.
Au diapason, les comédiens-habitants peuplent avec tendresse cette pièce-immeuble et composent une symphonie urbaine fantasque.