Ça vous fait quelque chose, à vous, Botticelli ? À la question vertigineuse de ce que nous faisons de la culture, Benoît Lambert et ses complices répondent par une expérience esthétique sensible.

La vie imite l’art bien plus que l’art n’imite la vie, disait Oscar Wilde. Mais vous, vous êtes plutôt Bee-Gees ou Autant en emporte le vent ? Et sauriez-vous imiter un tableau de Mondrian ? How deep is your usage de l’art ? (Nature morte) pose une question évidente, insoluble, et pour le moins provocante au théâtre : ça sert à quoi, l’art ? Qu’est-ce qu’on en fait ? Dans leurs spectacles précédents, We are la France, We are l’Europe et Que faire ? (le retour), Benoît Lambert et Jean-Charles Massera s’étaient plutôt penchés sur des questions de politique et de société — avec un sens de l’humour, une lucidité et un sens pratique implacables. Ici, la question de l’art revient au premier plan, non seulement dans le propos, mais aussi dans la forme. Car cette question si vaste qu’elle met tout le monde à égalité, public comme plateau, c’est bien en artistes et non en sociologues qu’ils vont y répondre, en examinant et en convoquant d’abord nos expériences aussi diverses que sensibles face aux œuvres. La rigueur logique cède alors la place à un imaginaire poétique où les rencontres les plus improbables et les plus émouvantes vont pouvoir avoir lieu. Résolument optimiste, le spectacle célèbre notre créativité, en même temps qu’il interroge notre responsabilité, dans la manière dont nous usons de l’art pour délier nos langues et ouvrir nos sens.