Suite à l’annonce du gouvernement, la conférence de Philip Boulay est annulée.
Conférence de Philip Boulay
dans le cadre de son intervention à l’éstba (du 9 mars au 3 avril)
avec la participation des élèves-comédien·ne·s de la promotion 5
Studio de création
Entrée libre sans réservation dans la limite des places disponibles
Durée estimée : 1h15
« L’acteur masqué n’est pas en mesure de dissimuler quoique ce soit, pas même sa ruse à dissimuler. On voit l’acteur mettre le masque. On voit le masque. Et la nudité du sujet se révèle.
Le théâtre ne porte le masque que pour être démasqué, en montrant qu’il y a le masque. C’est l’enseignement fondamental, en réalité. Il montre que ce qui est évident est masqué. Le masque est à prendre comme l’indice de l’évidence, et non pas comme le secret définitif ou obscur de la réalité humaine. C’est un théâtre à ras de l’existence parce que toute existence est masquée. Si vous montrez cette existence, vous la démasquez, vous la présentez dans sa nudité.
L’acteur avec le masque peut être n’importe qui, d’où son universalité. C’est aussi son caractère démocratique.
Arlequin propose toujours, en définitive, dans le registre de la comédie – la comédie comme art du présent et de l’immédiat –, une critique de la puissance et du pouvoir. Parce qu’il est le maître des intrigues (virtuose du langage, et roi de l’embrouille), il montre le caractère triste et lugubre des puissants. Avec lui, nous voyons le pouvoir des valets, des esclaves, des ouvriers – pour mieux nous confronter au caractère mortifère du pouvoir, au lien interne, indissociable, intime entre le pouvoir et la mort. Arlequin, c’est une combinaison dialectique.
Depuis Aristote avec sa terreur et sa pitié, le théâtre est une leçon d’ambiguïté, par nature.
Avec les masques, apparait en diagonale non pas un théâtre de la vérité (ce n’est pas un tribunal), mais une force de clarté où se défont les nœuds dans lesquels le sujet se trouve pris. C’est un théâtre de la clarté. »
Philip Boulay, février 2020