Une femme aveugle retrouve la vue… et voit son monde s’effondrer. Julie Brochen adapte, met en scène et interprète elle-même Molly Sweeney de Brian Friel, le « Tchekhov irlandais ».

C’est l’histoire d’une femme de quarante et un ans, aveugle depuis quarante, à qui les efforts acharnés de son mari et d’un médecin vont permettre de recouvrer la vue… pour son plus grand malheur… Ce fut l’un des coups de coeur du Festival « Off » d’Avignon 2017. Seule en scène, accompagnée d’un pianiste et de deux chanteurs-acteurs, Julie Brochen, ancienne directrice du Théâtre National de Strasbourg, interprète la Molly de Brian Friel (1929-2015), qu’elle met également en scène. C’est après avoir perdu, pendant plus d’un mois, l’usage de l’oreille gauche qu'elle a découvert Molly Sweeney (1995), pièce la plus fameuse de celui que l’on a surnommé le « Tchekhov irlandais » : elle a réalisé elle-même cette adaptation qui amplifie la dimension musicale de ce trio de monologues et s'est inspirée des textes du grand neurologue Oliver Sacks. Dans un monde en clair-obscur, ballottée entre ombre et lumière, entre le réel et l’illusion, entre ce qu’elle est et ce que les autres attendent qu’elle soit, sa Molly nous conte avec une admirable sobriété cette allégorie de l’aveuglement d'aujourd'hui.