Une seule et même famille iranienne, séparée, exilée aux quatre coins du monde, se raconte par les voix de trois femmes : un demi-siècle d’histoire intime croise la grande histoire de l’humanité.

« Mes filles sont des lionnes » disait d’elles le grand-père de Gurshad Shaheman. Lorsque la révolution iranienne de 1979 éclate, les trois soeurs sortent à peine de l’adolescence. Étudiantes engagées, elles ont la vie devant elles et le monde à portée de main. Mais cette révolution, confisquée par les islamistes, leur imposera des choix radicaux. Après Pourama Pourama, programmé il y a deux ans, la nouvelle création de l’auteur et performeur donne la parole à ses tantes et à sa mère. Dans une géographie éclatée entre l’Europe et l’Iran, ces femmes se racontent et rejouent des bribes de leur passé. Leurs voix denses et poétiques, portées par trois comédiennes franco-iraniennes, se succèdent et se complètent, dressant des paysages intimes enchevêtrés. À leurs côtés, les trois soeurs, accueillent en personne le spectateur avec la légendaire hospitalité iranienne. Dans une reproduction des cafés du nord de Téhéran, elles apportent thé et gâteaux, préparent le repas… Leurs monologues vibrent avec la composition électroacoustique de Lucien Gaudion, émaillée d’indispensables chansons populaires. Gurshad Shaheman tel un Tadeusz Kantor oriental, ponctue chacune des trois parties de cette saga familiale. D’une grande discrétion, il laisse les sensations advenir, la parole s’épanouir, sans peur, sans censure. Libre, pour la première fois.