Arno est fragile, peureux, hésitant. Léo est téméraire et physique. Alia, elle, se joue des deux, pousse à l’émulation et tente de maintenir l’équilibre.

Au cœur d’un castelet en maillage de fils de fer tendus, à la fois ring et nacelle, les personnages inventés par l’auteur-metteur en scène Jean-Yves Ruf partent à la découverte du monde. Les deux garçons, en bons garçons, peut-être ne sachant que se dire, voudraient gentiment guerroyer. Combat de coquelets pour épiques aventures ! Mais Alia, espiègle, les emmène sur un autre champ de bataille, plus ludique, subtil et joyeux : s’étonner et se questionner.
« Arno : Si je te tourne autour, je suis attiré par toi…
Alia : Rien à voir avec la force gravitationnelle. »
De vastes rêveries sur la rondeur ou la platitude de la Terre en digressions sur le monde tel qu’il va, sur le réel et sa perception, de la grotte de Platon jusqu’au chat de Schrödinger en passant par la physique quantique, Il va où le blanc de la neige quand elle fond ? est une échappée poétique dans les contre-allées du savoir et du bonheur ludique de l’invention.
« Arno : J’ai mal au chou (il se prend la tête dans la main).
Léo : Alors gratte-toi le chou avec tes feuilles.
Arno : C’est ce que je pente de frère… »
Comme une dérive ininterrompue de surprises et de questionnements, ce spectacle à bâtons rompus mêle à loisir science et philosophie. Quand il est bien plus drôle de poser des questions que d’imposer des réponses toutes faites, les récits deviennent des étonnements qui deviennent des contemplations.