Quel plaisir de retrouver les tg STAN (Stop Thinking About Names), ce groupe d’acteurs flamands qui a une prédilection pour les textes d’auteurs (Tchekhov, Ibsen, Thomas Bernhard, Diderot ou Schnitzler) dont ils extraient ce qu’ils ont de plus vivant, de plus aigu, avec un succès rarement démenti. Cette histoire d’amour qui se délite au fur et à mesure que tombent les masques est aussi éternelle que la nuit des temps. Comme toujours chez Ingmar Bergman, qui réalisa une série télé en six épisodes en 1972 puis un film en 1974, le dialogue est chirurgical, l’intrigue concentrée. Dans cette libre et fidèle adaptation, le génie de tg STAN se déploie dans toute sa puissance. Ruth Vega Fernandez, subtile et délicate dans le désespoir comme dans l’attaque, Frank Vercruyssen, impressionnant d’aisance naturelle et d’humour mélancolique, entrent et sortent de leurs personnages, commentent leurs actions, accélèrent le rythme, prennent les spectateurs à témoin dans une très troublante proximité. On est captivé par cette existence faite de petites lâchetés, de trahisons, de luttes pour le pouvoir, cette impossibilité de vivre ensemble sans se faire mal. Deux heures trente à la fois fascinantes et déroutantes qui passent comme dans un souffle.