Une tragicomédie de la passion amoureuse
 « En vain contre Le Cid un ministre se ligue, Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue ». Boileau écrit ces mots alors que la bataille autour du Cid que vient de composer Pierre Corneille fait rage : cette tragicomédie de la passion amoureuse suscite la colère des académiciens et le ravissement du public. L’histoire de ces deux amoureux éconduits, pris au piège du désormais célèbre dilemme cornélien entre amour et honneur, rappelle à quel point les ardeurs humaines ont toujours été au cœur des préoccupations.
Après avoir présenté au TnBA en 2004 son époustouflant solo Dom Juan de Molière, le metteur en scène aquitain Laurent Rogero revient avec un spectacle plus ample, plus baroque qui mêle théâtre, marionnettes et figurines et met en scène un Cid tout en alexandrin, dans la première version écrite par Corneille en 1637. Fidèle à ce qui fait le style de son théâtre, la proximité, la générosité, le métissage des genres et des techniques de jeu, Rogero renoue avec la tradition populaire du théâtre de tréteaux et nous mène sur la place publique de Séville, là où les jeunes gens se déchirent, les acteurs jouent aux héros, et les spectateurs observent avec délectation les conflits d’une époque où héroïsme rimait avec devoir.